Le secteur compte 1 300 logements, dont 56,8 % de logements sociaux « en voie de dégradation », constate l’ARES dans un diagnostic du quartier qui croise entretiens et données chiffrées de l’INSEE et de l’Eurométropole.
PHOTO DNA – Cédric JOUBERT
Les bailleurs sociaux mis sous pression
L’association Viva-Spach et le centre socioculturel de l’ARES ont décidé d’aider les locataires à obtenir des bailleurs sociaux la résolution de problèmes basiques d’hygiène et de sécurité.
Réunion de crise mercredi soir au local de la Ruche 35, géré par l’association Viva-Spach. Une dizaine de locataires du bailleur social LogiEst (123 logements dans le quartier) égrènent la liste des problèmes rencontrés dans leurs immeubles et laissés de longue date sans résolution par le bailleur (*).
« On est tous rassemblés pour être plus forts, avoir plus de poids », a résumé en préambule Etienne Fleury, président de Viva-Spach.
« On ne lâchera pas »
« Dès après la réunion, on pourra faire une demande de rendez-vous avec le bailleur, déposer les doléances. On verra comment le bailleur répond. On ne lâchera pas tant qu’ils n’auront pas répondu, on listera leurs engagements et on va les suivre », a ajouté Marc Philibert, directeur de l’ARES.
Le centre socioculturel de l’Esplanade vient d’obtenir un deuxième agrément de la CAF pour ce quartier désormais classé QPV (quartier prioritaire de la politique de la ville).
Marc Philibert justifie le choix de l’ARES de s’investir dans cet accompagnement : en travaillant au diagnostic social du secteur, « la relation aux bailleurs sociaux est souvent revenue. On ne peut pas laisser les habitants seuls face à eux ».
Des rats dans les caves et les poubelles
Une habitante du n° 4 démarre : « Il y a les rats qui sortent des poubelles par terre et les égouts des jardins sont bouchés. » Une dame du n° 14 embraye : « J’ai écrit un courrier pour les rats dans les caves, des boîtiers ont été déposés mais ils ne sont pas efficaces, les rats rongent absolument tout. Et puis il y a l’humidité. »
D’autres parlent de sécurité, des portes d’entrée qui ne ferment pas, des squatters dans les caves.
Et puis cette fameuse interruption du chauffage pendant plusieurs jours récemment (DNA du 21 janvier).
Un habitant s’est entendu répondre un jeudi : « On verra ça lundi ! » Il a alerté les médias et le problème a été réglé dans la journée. De la difficulté à se faire entendre.
Et le ménage ? « Laissez tomber », s’exclame une participante résignée, qui depuis son arrivée trois ans plus tôt n’a toujours pas accès à sa cave. Un autre a déposé une main courante contre le bailleur et ne cache pas son scepticisme : « Je fais le tour des immeubles pour alerter sur ces charges qu’on paye sans avoir le service. Mais si tout le monde ne marche pas ensemble… »
« C’est pour ça qu’on est là », tempère sa voisine, habituée des courriers qui restent lettre morte ou du téléphone qui sonne dans le vide.
Le sujet des pigeons préoccupe aussi : « On ne peut rien accrocher sur les balcons. » Des pics ont bien été installés mais les volatiles ont migré dans les entrées.
Un rendez-vous deux fois par mois pour avancer
Une décharge improvisée au pied d’un autre immeuble est mentionnée. La présence insuffisante du concierge, mobilisé sur plusieurs secteurs en même temps, est déplorée.
Quant au « multiservices » et au numéro d’urgence en « 08 », ils suscitent des rires jaunes. « C’est une plateforme. L’autre jour, je suis arrivée à Bordeaux », raille une dame, tandis que ce monsieur montre à la ronde une photo d’un mur de sa salle de bain mangé par les champignons.
On passe sur les témoignages d’échanges téléphoniques qui confinent à l’absurde.
« Il faut constituer le dossier, apporter les quittances de loyer pour obtenir des réponses sur les charges, transmettre les photos et ne pas casser la dynamique », conclut Marc Philibert.
Rendez-vous est pris tous les mercredis deux fois par mois. Les deux prochaines réunions seront consacrées à CUS Habitat et à la Socolopo, les deux autres bailleurs sociaux du quartier.
Nous avons essayé de joindre LogiEst sans succès.
© Dernières Nouvelles d’Alsace, dimanche 6 mars 2016. – Tous droits de reproduction réservés