Une élève… de CM2 lance une pétition pour améliorer les repas à la cantine
Il n’y a pas d’âge pour faire entendre sa voix ! Déçue tant de la qualité que de la quantité des repas servis à la cantine de l’école internationale Robert Schuman, à l’Esplanade, où elle est élève en CM2, Hermine Bender a lancé une pétition pour tenter de faire bouger les choses.
Par Valérie WALCH
« How dare you ? » [*] Si elle était suédoise et qu’elle s’appelait Greta Thunberg , elle aurait peut-être démarré ainsi son propos… Mais Hermine Bender est franco-allemande et élève en CM2 à l’école internationale Robert Schuman, dans le quartier de l’Esplanade. Et si, à l’instar de sa génération, le réchauffement climatique la préoccupe à coup sûr, ce que se demande depuis plusieurs mois cette élève de dix ans en pleine croissance, c’est comment on ose lui proposer « des repas aussi mauvais et aussi petits » à la cantine.
[*] Comment osez-vous ?
Déjà 160 (jeunes) signataires
À l’instar de la jeune militante écologique, Hermine a décidé d’agir et de faire entendre sa voix. Encouragée il est vrai par son père, Niklas Bender, qui, lorsqu’elle lui a demandé ce qu’elle pourrait entreprendre pour faire changer les choses, lui a suggéré une pétition. Ni une, ni deux, l’écolière de dix ans l’a pris au mot et a lancé cet automne sa « Pétition pour une meilleure cantine scolaire ». En fin de semaine dernière, elle avait déjà recueilli quelque 160 signatures.
« Afin de passer de bonnes journées à l’école et de me concentrer sur mon travail, je voudrais enfin pouvoir manger à ma faim, avoir une portion suffisante et le droit de me resservir, et avoir des plats de bonne qualité (pas de poisson dur, d’omelettes trop cuites, etc.) », écrit-elle. Le message a visiblement parlé à ses camarades, qui du CP au CM2, ont été nombreux à apposer, dans une écriture parfois encore hésitante et un brin irrégulière, leur nom et prénom au bas de la pétition. Élise et Irène, deux copines de classe d’Hermine, lui ont prêté main-forte pour faire circuler le texte à la récré. « Et on n’a eu aucun mal à le faire signer. La première fois, tout un groupe de filles s’est jeté sur nous ! On en a assez de mal manger et d’avoir faim tout l’après-midi », résume Irène, à qui il serait même déjà arrivé « de ramener un repas de la maison et d’aller le manger dans les toilettes, en cachette ». « Même quand je mange tout, j’ai encore faim ! » assure de son côté Hermine. Et en fin de service, ce serait encore pire…
« Si l’objectif est de lutter contre le gaspillage alimentaire, pourquoi obliger les élèves à prendre du fromage, alors que certains n’aiment pas ça ? Et pourquoi ne pas prévoir au moins un élément dans le menu dont les enfants pourraient se resservir à volonté, comme un féculent ou autre ? » s’interroge Niklas Bender. Il voudrait a minima que sa fille soit « rassasiée » et puisse se concentrer l’après-midi sur son travail scolaire, plutôt que sur les gargouillis de son estomac.
Ruée sur le goûter… Ce jeudi à la sortie de l’école, les trois copines n’ont fait qu’une bouchée du goûter ramené par la mère d’Irène : une roborative gaufre à la chantilly et à la pâte à tartiner qui les aidera à patienter jusqu’au dîner. « Irène a un cours de musique et sans cela, elle ne tiendrait pas », assure sa mère, Christine Klank, par ailleurs représentante des parents d’élèves (PEEP). Même chose pour Hermine, en partance pour son cours de danse. « En CM2, les enfants sont en pleine croissance et ce n’est sans doute pas un hasard si la fronde part d’ici », abonde son père. « D’ailleurs, on ne comprend pas pourquoi la portion est la même pour les petits CP et pour nous, alors que les adultes ont droit à beaucoup plus ! » s’agace Hermine. Elle trouve en outre que « depuis le printemps dernier, les portions ont diminué ». À moins que ce ne soit son
La jeune fille a envoyé fin novembre sa pétition (alors riche de 124 signatures) à l’adjointe à la maire en charge de la petite enfance et de la restauration scolaire, Soraya Ouldji. « Elle a répondu quelques jours plus tard par courriel, en remerciant Hermine de l’avoir alertée », salue Niklas Bender, soulignant la réactivité de l’élue. Dans son message, elle l’assure qu’elle fera en sorte de vérifier rapidement les quantités servies, qu’elle en parlera au prestataire (en l’occurrence ici, L’Alsacienne de restauration) et passera à la cantine vérifier par elle-même (elle y était attendue ce lundi midi, NDLR).
« Le sujet a aussi été évoqué au dernier conseil d’école. La FCPE, majoritaire, s’en est également saisie et la diététicienne de la Ville est passée peser les assiettes », précise encore Christine Klank. Un sondage de satisfaction a en outre été réalisé fin novembre pour savoir ce que les enfants pensaient des menus proposés. Pas beaucoup de bien, pour l’instant, à en croire le nombre de signataires de la pétition. « Le pire qu’on ait mangé, c’était les boulettes de légumes », se souvient encore Irène avec une moue de dégoût.
« Ce qu’on voudrait, c’est plus de choix, au moins pour les entrées et les desserts. Les plats qu’on nous propose n’ont pas assez d’apports nutritionnels et sont souvent trop ou pas assez cuits », estime Irène. « On voudrait aussi plus de qualité, pouvoir se resservir, manger à notre faim et ne plus être obligé de goûter à tout si on n’aime pas. D’ailleurs, ce serait mieux pour éviter le gaspillage », analyse Hermine.
Une chose est sûre : ce qu’attendent ces jeunes citoyennes pressées de participer à la vie démocratique et qui ont osé monter au créneau, ce sont des améliorations. Les enfants de l’école internationale Robert Schuman ne sont sans doute pas les seuls dans ce cas, tant « les repas à la cantine et l’état des toilettes font partie des fléaux de la vie scolaire », estime Niklas Bender. Affaire à suivre…
© Dernières Nouvelles d’Alsace, 5 décembre 2022. – Tous droits de reproduction réservés