Nuit(s) : une exposition collective à découvrir à l’ARES
Pour la reprise des expositions au centre socioculturel de l’ARES, après une longue interruption due à la crise sanitaire, une vingtaine d’artistes et de collectifs ont été invités à travailler sur le thème de la nuit. L’exposition est visible jusqu’à fin janvier ; Alain Allemand en donne un aperçu.
Par Les Dernières Nouvelles d’Alsace
Avec des supports et des démarches très variés, entre recherches formelles et allégoriques, les artistes se sont frottés avec inventivité à cette thématique fortement symbolique qui traverse toute l’histoire de l’art. Les tout premiers peintres – ceux de la préhistoire – peignaient dans le noir absolu des grottes, à la lumière des flammes. Cette dimension sacrée et mystérieuse de la représentation nocturne restera présente et traversera toute l’histoire de la peinture à venir.
Peindre la nuit, c’est s’immerger dans une expérience où la perception est altérée et la vision troublée. Le soleil a disparu, la nuit est « tombée » et le réel est mis à distance. Une autre visibilité s’installe, qui confronte les choses à leurs ombres. Le paysage de nuit efface l’horizon et intensifie les sensations. Si, au XIXe siècle, la nuit s’éclaire — au sens propre et au figuré — et que la science et l’électrification transforment considérablement la perception des mystères nocturnes, la thématique picturale s’en trouve paradoxalement encore enrichie. Et la multiplication des sources lumineuses confirme bien l’intuition
La nuit comme révélateur
Un autre paradoxe de la nuit est de révéler l’Univers : il faut que le soleil se couche pour que l’infini du ciel étoilé se présente. La nuit sidérale n’a pas de centre, sa lumière provient de très loin dans l’espace et dans le temps. Et l’homme devine alors sa condition immémoriale de poussière d’étoile, confronté à l’infiniment grand. La pâleur de la lune, le scintillement des étoiles, le halo des multiples lumières ouvrent l’observateur à de nouvelles perspectives et révélations. Et l’expérience nocturne, celle du sommeil, du rêve, du noctambule – et celle du peintre donc — peut alors commencer et s’enrichir.
Nuit(s), exposition visible jusqu’à fin janvier 2023 dans les trois étages du bâtiment de l’ARES, 7, rue d’Ankara à Strasbourg. Entrée libre aux horaires d’ouverture de l’ARES.
© Dernières Nouvelles d’Alsace, 6 octobre 2022. – Tous droits de reproduction réservés