Crise de gouvernance à l’Association des résidents de l’Esplanade
L’Association des résidents de l’Esplanade (ARES), qui gère le centre socio-culturel du quartier, n’a plus de président ni de directeur depuis mai. Une assemblée générale de crise doit renouveler le comité de direction mercredi, avec en toile de fond le retour de l’ancien directeur de l’ARES, Marc Philibert.
L’assemblée générale de l’Association des résidents de l’Esplanade (ARES), prévue mercredi 28 juin, promet d’être animée. Les quelques 2 500 adhérents de cette structure qui gère le centre socio-culturel du quartier, avec sa centaine de salariés pour un budget de 1,8 million d’euros, doivent trouver une nouvelle équipe de direction, après la démission du président en mai, et le placement du directeur en arrêt-maladie.
Comment en est-on arrivé là ? En mai 2021, Marc Philibert, directeur du centre, fait valoir ses droits à la retraite après l’avoir dirigé pendant près de 23 ans. Dans la foulée, le nouveau directeur, Fabien Urbes, s’installe avec un nouveau fonctionnement, et en menant une série d’audits et d’entretiens avec les salariés. Très vite, des crispations se font jour. Au moins trois employés s’estiment malmenés par les méthodes du nouveau directeur, dont l’épouse de M. Philibert, toujours employée de l’association.
« L’assemblée générale sera le moment d’explication »
Ces éléments sont repris par une partie des 26 membres du comité de direction de l’association, qui mettent en minorité les membres du bureau exécutif, plutôt favorable à Fabien Urbes. Souffrant de cette situation et d’injonctions contradictoires, ce dernier est placé en arrêt maladie depuis mai. À la suite d’un comité de direction tendu, c’est le président de l’ARES, Frédéric Duffrène, qui démissionne le 17 mai. Le 25 mai, un document titré « texte de crise » est déposé sur la plateforme d’alertes de Rue89 Strasbourg. Dans ce texte, la situation de souffrance au travail des trois salariés est rappelée, ainsi que la démission du président. Le texte indique que l’assemblée générale, prévue le 23 mai, a été reportée et que Désirée Ohlmann, première vice-présidente, est en charge de la présidence par intérim.
L’ARES emploie une centaine de salariés (Photo Google Maps)
Contactée par Rue89 Strasbourg, Désirée Ohlmann refuse de détailler les raisons de la crise que traverse l’ARES, qui doit fêter cette année ses 60 ans d’existence :
« Je ne me prononcerai pas sur les rumeurs qui circulent. L’assemblée générale sera le moment d’explication pour tous les adhérents qui auront des questions. Un tiers des membres du comité de direction seront renouvelés, puis l’AG sera suivie d’un comité de direction électif, séance lors de laquelle un ou une nouvelle directrice sera élue. »
L’ancien directeur candidate au comité de direction
Les rumeurs en question, c’est un retour de l’ancien directeur, Marc Philibert. Ce dernier a candidaté au comité de direction, comme l’atteste le compte-rendu de la séance du 16 mai que Rue89 Strasbourg a pu consulter. Lors de cette séance, il est même nommé délégué de l’ARES à l’Elisfa, le Syndicat des employeurs du secteur social et familial.
Co-secrétaire de l’ARES, et administratrice depuis plus de 20 ans, Roselyne Kuchler détaille :
« Des salariés en souffrance à l’ARES, il y en a toujours eu… Là, il y en a deux qui se sont déclarés, peut-être qu’il y en a d’autres. L’ARES est une grosse structure. Mais on ne peut pas imputer ces éléments à M. Urbes, dont je loue plutôt l’efficacité et les efforts de transparence. »
« Cette association se délite »
Trésorier de l’ARES, Étienne Fleury est très préoccupé :
« Je ne ménage pas mon temps pour l’ARES, comme tous les administrateurs mais je constate que cette association se délite. Bien qu’étant membre du bureau exécutif, ça m’échappe. Par exemple, j’apprends tout à fait par hasard qu’un accord aurait été trouvé sur le montant des indemnités de départ d’une salariée, alors que je suis trésorier… »
Avant d’être placé en congé maladie, le nouveau directeur, Fabien Urbes, avait réussi à mobiliser les partenaires et à faire approuver, « du premier coup, ce qui est assez rare » selon Étienne Fleury, le contrat de projet 2023 – 2026 par la Caisse d’allocations familiales, le premier partenaire financeur de l’ARES. Un bon signe puisque l’ARES doit évoluer dans son offre de services pour accompagner les changements sociaux du quartier de l’Esplanade, qui va devoir intégrer deux nouveaux « quartiers prioritaires de la ville (QPV) » dans les prochaines années.
Contactés, Fabien Urbes, Frédéric Duffrène et Marc Philibert n’ont pas retourné nos appels.
Y ALLER
Assemblée générale de l’ARES, mercredi 28 juin à 19h au 10 rue d’Ankara à Strasbourg – Esplanade.
© Rue 89, 28 juin 2023. – Tous droits de reproduction réservés