Esplanade : le secteur Jura-Citadelle, nouveau quartier prioritaire de la ville
Le décret est attendu dans les tout prochains jours. Le secteur Jura-Citadelle, à l’Esplanade, rejoindra début 2024 la liste des 13 quartiers prioritaires de la politique de la ville strasbourgeois. Lors de la dernière assemblée de quartier, l’adjoint Benjamin Soulet en a esquissé les contours, tout en donnant déjà quelques pistes d’actions
Valérie Walch
Sur le secteur Jura-Citadelle, 40 % de la population vivait sous le seuil de pauvreté en 2019, selon l’adjoint Benjamin Soulet. – Photo Thomas Toussaint
Fruit d’un travail de concertation de plusieurs mois entre la Ville et l’État, une partie de l’Esplanade basculera début 2024 en QPV (Quartier prioritaire de la politique de la ville), devenant ainsi « officiellement pauvre », comme le résume Benjamin Soulet, adjoint à la maire de Strasbourg. « Le décret – pas encore paru à l’heure où nous écrivons ces lignes – est attendu d’ici le 31 décembre », avait confirmé l’adjoint à la maire en charge de l’équité territoriale et de la politique de la Ville lors de l’assemblée de quartier de l’Esplanade du 18 décembre.
Quelque 3 500 habitants concernés
Entre la rue de Lausanne et la rue d’Ankara, le secteur Jura-Citadelle et ses quelque 3 500 habitants, dont la plupart habitent des logements gérés par le bailleur Ophéa, rejoindront alors les 13 QPV strasbourgeois. La cité Rotterdam viendra étendre le QPV déjà existant de la cité Spach. « Une partie de Neudorf, côté avenue Aristide-Briand, est aussi concernée par ce classement, ce qui portera à 15 le nombre de QPV à Strasbourg », complète l’élu. Benjamin Soulet précise qu’être classé en QPV signifie que « le revenu fiscal médian de la population du secteur est inférieur à 12 500 € par an » ; mais rappelle aussi que ce classement, qui sera effectif pour la période 2024-2030, « ouvre la voie à des moyens supplémentaires » (qui restent encore à préciser).
Quelque 3500 habitants sont concernés par le passage en QPV (Quartier prioritaire de la ville). – Photo Thomas Toussaint
Il a également donné quelques chiffres clés (datant de 2019) sur la portion de quartier concernée. Les familles avec enfant(s) y sont nombreuses, avec 20 % de la population âgée de moins de 15 ans. À noter aussi, une surreprésentation des familles monoparentales, « près de quatre foyers sur dix étant dans cette situation », et un vieillissement marqué de la population, les 60 ans et plus représentant 25 % des habitants. Isolement résidentiel (quatre ménages sur dix sont seuls dans leur logement) et fort ancrage dans le quartier (six sur dix y vivent depuis plus de dix ans) sont aussi à relever.
Le quartier qui s’est le plus paupérisé
Mais ce qui marque et qui choque le plus, c’est l’appauvrissement de la population. Sur le secteur Jura-Citadelle, « 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté en 2019, soit une hausse de sept points entre 2013 et 2019. Si ce n’est pas le plus pauvre des QPV, la moyenne se situant plutôt autour de 45 %, c’est bien celui qui s’est le plus appauvri ! », insiste Benjamin Soulet, confirmant ainsi le sentiment de déclassement et de paupérisation fréquemment évoqué par les habitants.
Face à ce tableau et en réponse à ces spécificités, « quelques leviers et priorités d’action ont déjà été définis », sur lesquels les différents acteurs de ce secteur qui compte deux centres socio-culturels (le Cardek et l’ARES ) tenteront d’agir. Il s’agira de lutter contre l’exclusion (via l’aide administrative, la médiation numérique, des cours de français langue étrangère…) ; de favoriser le lien social par des animations de proximité et en luttant contre l’isolement ; de favoriser aussi la réussite éducative et l’insertion des jeunes (via un accompagnement scolaire et un soutien aux parents), liste Benjamin Soulet.
Renforcement de l’offre d’activités culturelles, sportives et de loisirs ; lutte contre les discriminations et amélioration de la gestion des espaces communs sont autant d’autres chantiers à travailler, en lien notamment avec l’Université, l’ASERE et les autres associations du quartier, comme Mon Petit Nid, qui attend toujours des locaux. Du pain sur la planche pour 2024…
© Dernières Nouvelles d’Alsace, 29 décembre 2023. – Tous droits de reproduction réservés