À l’Esplanade, une réunion de quartier sous le signe de la défiance
Ambiance tendue, lundi soir, à l’assemblée de quartier de l’Esplanade. Devant une quarantaine de personnes rassemblées à l’église de la Très Sainte Trinité, le comité de suivi a accusé la municipalité d’être sourde à ses doléances. De la rue scolaire de Stuttgart à la piste cyclable bidirectionnelle rue de Londres, en passant par l’extinction de l’éclairage public et le passage du secteur Jura-Citadelle en QPV, les sujets de préoccupation sont nombreux.
Valérie Walch
La fermeture depuis la rentrée d’une portion de la rue de Stuttgart pour cause de « rue scolaire » ne passe pas. – Photo Roméo Boetzle
Rien, ou presque, ne trouve grâce à leurs yeux. Ni sur la forme, ni sur le fond. Pas plus sur ce qui a déjà été réalisé que sur les projets qui s’esquissent. Rapporteur du comité de suivi de l’Esplanade – « censé, rappelle-t-il, être source de propositions adaptées aux habitants », Jean-Louis Martini a ouvert lundi soir, à l’église de la Très Sainte Trinité, l’assemblée de quartier de l’Esplanade.
Rue école de Stuttgart : le comité de suivi demande la réouverture
Le moins que l’on puisse dire, c’est que son exposé n’a pas épargné les élus présents — pas plus que les absents d’ailleurs, la maire et son premier adjoint en tête… Au nom du comité de suivi et PowerPoint à l’appui — ce que n’a guère apprécié l’élu référent du quartier, Patrice Schoepff, qui n’avait pas été informé en amont —, Jean-Louis Martini a fait part de la frustration, voire de la colère du comité face au « déni flagrant de démocratie participative » dont fait preuve à ses yeux une municipalité « qui n’a visiblement que faire des observations du comité de suivi ».
Premier et principal sujet de fâcherie : la rue école de Stuttgart, fermée sur une portion aux voitures. Dénonçant « un simulacre de concertation », Jean-Louis Martini rappelle que lors des réunions publiques, « la majorité des présents s’opposaient à sa fermeture ». Las ! L’élue en charge de la ville cyclable et marchable, Sophie Dupressoir, a confirmé la fermeture, effective depuis la rentrée de septembre. Il rappelle en outre que la rue de Wallonie est aussi fermée depuis janvier dernier.
Depuis, stationnement sauvage devant les barrières et autres manœuvres dangereuses des bus et embarras de circulation générateurs de bouchons et de pollution suscitent colère et crispations chez les Esplanadiens. Ils l’ont encore fait savoir, pour certains à grand bruit, ce lundi. Le comité de suivi réclame désormais « la réouverture de cette portion de rue en dehors des heures d’entrée et de sortie des classes, ainsi que son ouverture permanente les jours de fermeture de l’école, comme c’est déjà le cas dans d’autres quartiers ! » En l’absence de Sophie Dupressoir, c’est Pierre Ozenne qui est monté au front sur ce point et a laissé entrevoir à demi-mot la possibilité d’une adaptation, rappelant que le dispositif actuel « fera l’objet d’une évaluation au premier trimestre 2024 ».
De nombreux autres points de crispation ont émergé. À commencer par l’aménagement du carrefour rue d’Ankara-Quai des Alpes, dans le cadre de l’extension du BHNS, commenté à grand bruit dans la salle. Un aménagement jugé « affligeant », « surréaliste » et « particulièrement dangereux et accidentogène pour les non-initiés », par le comité de suivi et plusieurs intervenants. À l’avenir, le comité de suivi pronostique aussi « la fermeture de la rue de Boston » — même si Patrice Schoepff a formellement démenti toute intention en ce sens. « Les habitants seront mis devant le fait accompli et constateront la création d’un skatepark à proximité de l’église de la Trinité, entraînant, entre autres, perturbations des offices religieux et suppression de places de stationnement. […] L’objectif municipal qui est de supprimer les raccourcis nous apparaît comme un programme génial, qui nous obligera à faire des tours et des détours, ce qui entraînera davantage de pollution ! », raille Jean-Louis Martini. « Ça, pour faire ch… les voitures, c’est sûr qu’ils sont bons ! », commente une petite voix dans la salle.
Ambiance houleuse
Création d’une piste cyclable bidirectionnelle rue de Londres — et impact sur la quiétude des piétons, le stationnement et la circulation — ; travaux avenue du Rhin et reports de charges sur le quartier ; extinction de l’éclairage public de 1 h 15 à 5 h (le point a donné lieu à un très intéressant exposé de Pierre Albrecht, responsable du département éclairage public à l’Eurométropole) et conséquences en termes de sécurité ; soucis liés au deal… Mais aussi devenir de la place d’Islande, devenir du dispositif « Veilleurs seniors », ou encore périmètre du futur QPV (l’adjoint Benjamin Soulet l’a évoqué en clôture et nous y reviendrons dans une prochaine édition) ont été autant d’autres points abordés.
Le tout dans une ambiance souvent houleuse et pas toujours très respectueuse. Les uns taxant les autres de mauvaise foi ; les opposants politiques, Nicolas Matt en tête, n’hésitant pas à se poser en donneur de leçons face à la défiance ambiante. Accusant la municipalité « de ne pas tenir compte de l’expertise d’usage des habitants », il l’appelle « à tenir ses engagements » et « à être plus présente sur le terrain ». Quand Patrice Schoepff estime que son opposant « mélange tout » et tient « des propos caricaturaux », qui à leur tour au contraire « alimentent la défiance ». Pas sûr que la démocratie et la sérénité des assemblées de quartier gagnent à ces joutes peu constructives.
© Dernières Nouvelles d’Alsace, 19 décembre 2023. – Tous droits de reproduction réservés