Et oui l’historique de l’ARES, toute une histoire! En voici quelques détails:
1ère décennie : 1965 – 1974
L’ARES naît en décembre 1964 de la volonté d’une poignée d’habitants rassemblés par Jean-Marie LORENTZ, pour faire face aux problèmes posés par l’Opération Esplanade alors dans sa phase initiale. Elle affirme d’emblée que les Esplanadiens ont un intérêt matériel et moral à se saisir de tous les problèmes relatifs à leur quartier pour y apporter des solutions par eux-mêmes ou via les instances compétentes.
Durant les dix premières années de son existence, l’ARES ne peut compter que sur elle-même. Elle développe en priorité des actions relatives au cadre de vie et des activités qui, faute de locaux suffisants, se déroulent en extérieur, tels les Jeux Esplanadiens, ou bénéficient de l’accueil d’autres structures, comme des activités culturelles en bâtiments universitaires. Sa vie est spartiate et basée sur le seul bénévolat.
Peu à peu, elle met en place les outils indispensables à son action : un comité de direction représentatif des divers quartiers de l’Esplanade, une feuille mensuelle dès le 20 novembre 1965. Elle obtient, le 17 octobre 1967, la reconnaissance de son rôle par la Municipalité et acquiert une baraque appelée Taupinière à partir du 27 mai 1968, pour arriver enfin à l’année faste 1971 : 24 février, inauguration du 1001 ; 17 mai, ouverture de la halte-garderie ; 18 octobre, inauguration du 1002 ; au total 545 m² acquis, loués ou construits par ses membres.
En 1973, l’ARES plante 11 peupliers d’Italie au rond-point de l’Esplanade, terrain ne lui appartenant pas, et destiné à l’implantation d’un vaste complexe, dont une tour, qu’elle refuse. Ce geste, destiné à préserver la belle perspective de l’avenue de Gaulle, résume un état d’esprit et un mode d’agir. De même, le passage d’ARES-FLASH à six pages dès cette même année est révélateur de l’importance attachée par l’ARES à la participation des habitants.
Enfin, d’autres initiatives, importantes elles aussi, n’ont qu’une vie temporaire. Il s’agit en particulier de la réhabilitation d’une maison forestière près de Marmoutier, servant de base aux jeunes, notamment à leurs travaux de restauration des ruines du château médiéval d’Ochsenstein. Il lui faudra restituer cette maison au bout de neuf ans, la mort dans l’âme, contre une indemnité dérisoire au regard de l’effort fourni.
Surtout, en l’absence de moyens publics significatifs, la montée en puissance des activités de l’ARES sollicite le bénévolat à un degré proche du point de rupture tandis que, l’année suivante, l’incendie de l’un des deux « Mille-clubs » menace sa pérennité.
2ème décennie : 1975 – 1984
Durant la seconde décennie, l’ARES franchit les diverses étapes de sa concrétisation tant au regard des textes que vis-à-vis de l’opinion et en ce qui concerne les moyens.
Elle bénéficie dès le 1er janvier 1975 d’un agrément de la CNAF (Caisse Nationale d’Allocations Familiales) lui conférant la qualité de centre socio-culturel. Cette reconnaissance lui ouvre droit à des subventions publiques qui lui permettront d’embaucher des salariés, condition d’un nouveau bond en avant.
Parallèlement, les instances publiques et plus spécialement la Municipalité lui accordent des moyens croissants en locaux sous la forme d’un, puis de deux niveaux d’un bâtiment préfabriqué de bonne qualité, soit 800 m² mis en place par le fabricant et non plus par ses propres moyens. Il est vrai que ces pas en avant considérables, réalisés en 1976 et 1982, font suite au départ en fumée, le 11 décembre 1975, du précaire 1002 reconstruit depuis en dur.
En décembre 1977, le Président de l’ARES, devenu Conseiller général l’année précédente, obtient du Département un financement en faveur de l’ensemble des centres socio-culturels et donc aussi de l’ARES. 1979 voit l’ouverture d’une crèche familiale. L’association accueille au total une quarantaine d’activités dans tous les domaines et pour toutes les catégories d’âge, dont ARESTEL, le précurseur de la télématique en Alsace.
L’une de ces activités est l’Ecole de musique fondée à titre privé par des professeurs du Conservatoire désireux de dispenser un enseignement de bon niveau. L’ARES lui consent un accueil gratuit, des facilités administratives et une subvention de fonctionnement. Pourtant l’URSSAF décide en septembre 1981 que l’ARES en est le gestionnaire de fait et l’assujettit au rappel de trois années de cotisations patronales dont la perception immédiate mettrait l’ARES en grave difficulté. L’ARES diffère l’application de cette mesure en faisant appel.
L’événement majeur de la deuxième décennie est le bras de fer qui a opposé l’ARES, soutenue par les riverains, à la Municipalité de Strasbourg, et cela du 15 février 1981 (date de l’affichage d’un permis de construire une tour au rond-point de l’Esplanade) au 25 novembre 1982 (date d’annulation de ce permis par un jugement du Tribunal Administratif).
Autre fait symbolique : la Municipalité, désireuse de réduire au Neuhof l’excessive concentration de familles ayant beaucoup d’enfants, envisage de reloger un certain nombre d’entre elles ailleurs et en maison individuelles. Tous les quartiers pressentis refusent. L’Esplanade n’est pas sollicitée mais l’ARES y propose l’implantation de cinq monofamilles, rue d’Istanbul, sur une partie du terrain en principe destiné à son extension.
Ce bilan multiforme atteint au prix d’une tension éprouvante a laissé un souvenir impérissable aux protagonistes récompensés par la victoire et donne une solide assise à l’ARES dans l’opinion.
3ème décennie : 1985 – 1994
1985-86 : il a fallu reconstituer l’équipe de direction et des finances de l’ARES, mises à mal par la tension de la fin de la période précédente.
1987-88 : l’action de l’ARES s’accentue sur le social : prise en compte approfondie des problèmes des familles et des jeunes en difficulté, extension de la mission au quartier Vauban, aide au « Bus anglais » au bénéfice des enfants à partir d’un local rue de Flandre – avec l’embauche, vu l’urgence, d’un animateur sans accord ni financement officiels.
1989-1990 : frictions avec la nouvelle équipe municipale sur des points déjà contestés (financement de l’activité culturelle, caractère global revendiqué pour l’intervention cité Spach, refus de la publicité dans un quartier jusque-là préservé) mais aussi sur l’exigence d’une voix délibérative pour le représentant de la Ville au Comité de Direction (vécue comme un assujettissement et contraire à ses statuts), paroxysme, à l’AG d’avril 1990, du conflit qui se résorbe progressivement jusqu’à celle d’avril 1991.
1992 : fin du « cauchemar URSSAF » : remboursement d’une importante somme grâce à des prêts de la CAF et du Département et une subvention de la Ville, vus comme une marque de confiance.
1993-1994 : trois actions majeures : devant le tribunal civil (pour contester la contribution forfaitaire Preventissimo à CUS Habitat à la charge des locataires HLM pour la couverture des réparations locatives), le Tribunal Administratif (égalité de traitement de l’Esplanade vis-à-vis de Hautepierre pour la prise en charge publique des espaces privés à usage collectif) et l’autorité préfectorale (prolongation à trois reprises, par gré à gré et non par adjudication, de la convention d’affermage du chauffage de l’Esplanade arrivée à terme le 30 juin 1992).
Autre fait marquant de cette période, l’action conjointe menée au sein d’une coordination ARAN (Neudorf), ARES (Esplanade) et CARDEK (Krutenau) sur des thèmes ayant des répercussions dans les trois quartiers (aménagement du campus surdensifié, projet de la place de l’Etoile).
1989 et 1993 : inauguration du Tambourin et de l’Escarpolette, symboles de la progression de l’ARES et outils efficaces de l’action à la fois sociale, culturelle et en faveur du cadre de vie.
L’ARES, une association (qui agit pour la cadre de vie du quartier) et un centre socio-culturel (qui propose des services aux habitants) :
– l’action « cadre de vie », aussi ancienne que l’ARES, exige une volonté forte mais peu de moyens matériels. Elle mobilise plus de bénévoles que de techniciens. Agissant sur l’environnement et menant parfois à des conflits avec les autorités, elle est plus généralement et plus fortement perçue ;
– l’action « socio-culturelle », ample, permanente et multiforme, nécessite locaux, matériel et salariés spécialisés (coût conséquent et rôle important des techniciens, mais impulsion donnée par les bénévoles).
4ème décennie : 1995-2004
Retour de la question de la prise en charge publique de l’entretien des espaces privés à usage collectif ; annonce de la suppression de cette « double charge » imposée aux Esplanadiens ; actions autour du cadre de vie (aménagement du rond-point) mais aussi dans les domaines culturel et éducatif (participation au« Temps des Livres », lancé par le Ministère de la Culture et de la Communication ; partenariat avec les établissements scolaires du quartier).
1995 : changement de président : après plus de trente ans à la tête de l’ARES, Jean-Marie Lorentz passe le relais à Jean-François Kovar.
1996 : lancement du premier contrat de projet triennal, demandé par la CAF ; signature d’une convention de partenariat avec la CUS ; action de l’ARES en direction du quartier Vauban ; développement des activités de l’école de musique ; annonce de l’arrivée du Tram (évocation du sort du pont Churchill…).
1997 : relations tendues avec la municipalité, mais aussi crise entre l’équipe salariée et la présidence de l’association ; une présidente, Pascale Richarme, prend en main les destinées de l’ARES ; signature d’une convention entre la Ville de Strasbourg et l’ensemble des centres socioculturels de la ville.
1998 : création d’« ARES 35 », local pour le quartier Vauban-Spach ; constitution d’un Comité des Fêtes ; rendu d’un arrêt de la Cour d’Appel donnant raison à l’ARES dans le dossier Preventissimo qui l’oppose à CUS Habitat ; premier défilé de la Saint-Martin, le 11 novembre ; nouveau changement à la présidence : Pascale Richarme est remplacée par Claude Gassmann ; le Tram et la circulation font partie des principaux sujets de réflexion.
2000 : arrivée du Tram à l’Esplanade et d’un nouveau directeur à l’ARES : Marc Philibert succède à Geneviève Ducros ; nouveau visuel en quadrichromie sur la couverture d’ARES-FLASH ; nouveau thème de discussion pour l’ARES, la création (ou non) d’une maison de retraite à l’Esplanade.
2002 : deux importantes réalisations à mettre à l’actif de l’association : publication de la charte « Faciliter l’accès aux logements à l’Esplanade », qui suscitera des réflexions dépassant le cadre du quartier ; construction de deux salles de classe au Cameroun par de jeunes Esplanadiens.
2003 : intérêt pour les initiatives de proximité le cadre de vie (pont « d’Ankara », espaces verts) comme pour les problèmes de société (drogue, prostitution) ; nouvelle tension avec la Ville à propos du pont « d’Ankara », futur pont du Danube.
2004 : principaux sujets de préoccupation : le devenir du pont Churchill et l’extension du stationnement payant du centre ville vers la Krutenau.
Mais le fait marquant de 2004 est la fête des 40 ans de l’ARES, au cours d’une semaine mémorable au mois de juin.
5ème décennie : 2005-2014
2005 : démolition du pont Churchill.
Sujets de réflexion : prolongement de la ligne C du tram, aménagement du rond-point, devenir du centre commercial, risques (et leur prévention). Dossiers d’ARES-FLASH sur l’histoire de la Cité Administrative et l’art à l’Esplanade. Première conférence (la sismicité en Alsace). Poursuite des pique-niques de rue.
2006 : zone d’animation sur le rond-point devenu place.
Sujets : doubles charges, hébergement du 3e âge, diversité sociale et culturelle, recherche universitaire, valeurs républicaines, démocratie participative, tarification du chauffage, accès à la culture, accès aux immeubles, état des bâtiments du CSC, nouveaux locaux… Création d’un jardin près du Tambourin. Suppression de 3 emplois due à la situation financière de l’ARES, disparition du Torse des Pyrénées de J.-H. Arp, diagnostic social, agrément de la CAF pour 4 ans au vu du contrat d’association intitulé « Pour une ARES plus marchante que marchande ». Publication de l’ouvrage de J.-M. Lorentz Ils ont osé.
2007 : arrivée du tram à l’Esplanade.
Sujets : abattage de peupliers square Heitz, droits des femmes dans le monde, santé des enfants et des jeunes, intergénérationnel, éducation… Projet d’un lieu ouvert à tous (la future Cafetière), échange de représentants ARES / ASERE.
2008 : mort de Jean-Marie Lorentz, vote par la municipalité de nouveaux bâtiments pour l’ARES. Nouvelle maquette d’ARES-FLASH en couleurs, nouveau site Web, « newsletter ». Ouverture de La Cafetière. Sujets : petite enfance, logement étudiant, handicap / autonomie, eau, chauffage urbain, commerces, services, professions libérales, projet de liaison tram-train, espaces verts.
2009 : présentation du nouveau bâtiment (images et maquette).
Sujets : projet de création d’un marché sur la place de l’Esplanade (mouvement d’opposition), centre commercial, ondes électromagnétiques, tranquillité (bruit, odeurs), circulation, accès aux immeubles. Culture : démarrage dans ARES-FLASH d’un feuilleton consacré aux sculptures de l’avenue de Gaulle.
2010 : mort d’Hélène Dupont, vice-présidente honoraire, et du compositeur Christophe Bertrand, ancien professeur de l’école de musique. Disparition des 1001 et 1002, démarrage du chantier du nouveau bâtiment. Sujets : AMAT, sécurité domestique, 1ère évocation du projet de chaufferie au bois, valeurs de l’éducation populaire. Relance du festival ARES’Idiv, développement du réseau Musique et Handicap.
2011 : dernière saison dans le 1003, modification du site Web.
Sujets : lien social, étrangers, enquête sur les personnes âgées, centre commercial, sécurité, stationnement payant, limitation de vitesse à 30 km/h, isolation des immeubles… Différend avec la municipalité sur le chauffage urbain. Démarrage du Plan Campus (création d’un parc urbain). Promotion de la culture qui « éveille le feu et fait danser les cœurs », projet d’école de théâtre. Lancement de l’Opération Archimède (course de baignoires). Création du groupement d’employeurs Pérenne.
2012 : ouverture du nouveau bâtiment en novembre. Accueil du Téléthon, interventions de l’école de musique à l’EHPAD Danube. Création d’une école de théâtre au Tambourin. Début des travaux au centre commercial.
Sujets : énergie, environnement et écologie, chauffage. Nomination de la harpiste esplanadienne Pauline Haas aux Victoires de la musique classique.
2013 : mort d’ Andrée Strub, ancienne responsable d’ARES-FLASH. Inauguration du nouveau bâtiment. 6 décembre : lancement des manifestations marquant le 50ème anniversaire de l’ARES.
Sujets : l’Autre, l’école, cohabitation entre les modes de circulation, chauffage. Accueil de « La Ruche qui dit Oui ! ». Culture : exposition d’œuvres d’élèves, d’habitants et d’artistes du quartier, projet d’Allée des Sculptures, remaniement de l’école de théâtre.